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Commémorer les vingt ans du FIDA en Haïti

Les remarques suivantes sont extraites d'un discours prononcé par Janet Bauman, responsable FIDA/pcH, Haïti, lors du banquet de collecte de fonds organisé à l'occasion du vingtième anniversaire du FIDA. La soirée de gala a eu lieu le 19 novembre 2004 à Bingemans à Kitchener.

Je veux expliquer ce que la vision et le leadership de Jack et Anne Wall, tant en Haïti qu'au Canada, ont signifié pour moi. L'un des plus grands cadeaux qu'ils ont fait à l'organisation a été d'inspirer leur fille Betsy, aujourd'hui directrice exécutive, en lui donnant les qualités nécessaires pour s'investir dans la vision, pour reprendre le flambeau du leadership et pour le porter.

Betsy, comme Jack et Anne, saisit facilement le concept de comment être un facilitateur, comment se démarquer personnellement afin de permettre aux vrais experts d'émerger en faisant ce travail d'aider les Haïtiens à s'aider eux-mêmes. Ils comprennent le principe d'aller en Haïti avec une question sur les lèvres au lieu de proposer une solution formulée à des kilomètres de là, dans un pays et un contexte totalement différents.

Cette posture, cette approche, fait toute la différence dans la façon dont nous sommes reçus en Haïti. Pour moi aussi, cela fait toute la différence. Jack, Anne et Betsy partagent chacun une profonde appréciation des citoyens de leur autre pays, Ayiti, comme on dit en créole.

J'espère pouvoir être comme Jack et Anne quand j'aurai 60 ans. Imaginez, ils ont pris la somme de leurs expériences de vie et ont été les pionniers d'un nouveau travail en Haïti. Quel geste audacieux ils ont posé il y a 20 ans. Nous sommes ici aujourd'hui pour célébrer leurs efforts et leurs réalisations.

Leur respect pour Haïti est évident, visible, et il nous permet d'être efficaces. Le respect est un mot que nous utilisons fréquemment dans notre travail quotidien. Lorsque je cherche à recruter de nouveaux collaborateurs, je souligne l'importance de cette approche. Nous formons le personnel, comme notre réceptionniste, à recevoir les agriculteurs, qui font le long voyage depuis leurs champs dans les montagnes pour visiter nos bureaux dans la capitale comme s'ils recevaient un dignitaire du gouvernement.

Nous pensons que nos bénéficiaires sont les relations les plus importantes que nous ayons et nous voulons qu'ils se sentent respectés. Je suis parfois en retard pour des réunions avec l'ambassade canadienne à cause d'une visite imprévue de dirigeants de coopératives qui se sont levés à quatre heures du matin, ont descendu la montagne, ont pris un robinet et ont roulé pendant des heures pour arriver au bureau de la pcH sans s'annoncer. Une façon importante de montrer son respect en Haïti est de donner de son temps.

En Haïti, le personnel de la pcH est composé de professionnels très dévoués à l'aide à la guérison et à la transformation de leur pays. Nous travaillons individu par individu, agriculteur par agriculteur, jeune fille par jeune garçon pour les aider à découvrir des moyens de s'aider eux-mêmes.

Nous avons le sentiment d'avoir atteint notre objectif lorsque nous réussissons à aider une femme à réaliser qu'elle a en elle la capacité et les ressources nécessaires pour transformer sa vie. Il peut s'agir d'une petite révélation, comme celle de la femme qui vient d'apprendre à lire et à écrire. Elle peut signer son nom sur son certificat de mariage au lieu de tamponner son pouce sur le tampon encreur. Ce petit geste lui permet de faire face à son mari en ayant confiance en elle au lieu d'avoir honte. Son comportement va changer et elle n'acceptera plus les coups de son mari.

Les hommes apprennent également des alternatives à la violence lorsqu'ils tentent de résoudre des conflits. Leurs enfants n'entreront donc pas dans le cycle de la violence qui est souvent la solution à la frustration d'une personne analphabète. Les hommes comme les femmes apprennent de nouvelles façons de coopérer et de gérer leurs frustrations. Ces changements, petits mais permanents, font une grande différence dans la vie de milliers de personnes que le FIDA touche.

Le FIDA a vingt ans. J'ai eu le privilège de travailler avec le FIDA pendant près de cinq ans. Il y a eu des défis, parfois ils semblaient plus importants que ce que je pouvais gérer, mais j'ai toujours, toujours eu le sentiment qu'en travaillant avec mon équipe de direction, nous trouverions des solutions ensemble. Cette équipe comprend Pierre Richard Pierre et Cassandre Jérôme, qui sont ici avec moi, et Vincent Jean Elto, que nous avons laissé en Haïti pour que tout soit bien en place. J'ai tellement appris. Je suis aujourd'hui plus riche et différent pour avoir parcouru ce chemin en Haïti.

En conclusion, je voudrais partager une petite chose que j'ai apprise en vivant en Haïti. Je l'ai appris en regardant un combat de coqs à Fon Batis et je crois qu'il résume l'esprit infatigable d'Haïti que je trouve si admirable : le vainqueur est celui qui ne s'enfuit pas. Le vainqueur est celui qui n'abandonne pas. Alors, n'abandonnez jamais !

Je crois que je ne suis qu'une personne parmi des milliers d'autres en Haïti qui voudraient vous exprimer leur gratitude et leurs remerciements, Jack et Anne. Ce sont des personnes qui sont passées par la maison d'hôtes internationale de Wall, qui ont participé à un voyage d'aventure en Haïti, qui ont exprimé une prière, qui ont contribué financièrement. Ce sont des personnes qui suivent un cours d'alphabétisation et savent maintenant lire et écrire, un agriculteur qui a reçu un prêt pour la plantation de cultures ou qui gagne maintenant plus d'argent parce qu'il sait comment planter des choux ou des brocolis. Nous venons de tous les horizons.

Merci de m'avoir recherché, de m'avoir intrigué avec votre philosophie et de m'avoir confié la réalisation de votre vision en Haïti.

par Janet Bauman, pays FIDA-pcH
Directeur, Haïti

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